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La Normandie de Marguerite Duras

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Message  Admin Jeu 7 Aoû - 4:21

La Normandie de Marguerite Duras

Par Nathalie Chahine, publié le 05/08/2014 à 18:38

De Trouville aux falaises d'Etretat, un parcours à travers la Normandie inspiré par Marguerite Duras, l'auteure d'Un barrage contre le Pacifique, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance.  

"Regarder la mer, c'est regarder le tout." Le voyage en terre de Marguerite Duras commence forcément ici, devant l'entrée des Roches noires, à Trouville, où la citation gravée dans la pierre invite le visiteur à se souvenir. Le portail de l'immense bâtisse est hélas fermé et, paraît-il, gardé comme une forteresse. Mais de la rue on voit bien le hall et la célèbre baie vitrée arrondie sur la mer, cette "caverne marine" où l'écrivain passa presque tous les étés de 1963 à 1994. L'escalier qui descend vers la plage porte aujourd'hui son nom: "Escalier Marguerite-Duras, 1914-1996". Elle aurait eu 100 ans cette année.

En ce dimanche pluvieux de mai, le balcon du premier étage de son petit trois-pièces est bâché, les persiennes fermées. Comme elle a dû le faire des milliers de fois, on regarde les colombages du manoir voisin, bruns sur les photos de l'époque, ils sont aujourd'hui d'un rouge sombre qui accentue leur beauté gothique. Dans son jardin fleuri d'hortensias qui fait face à la mer passait alors Louis Pauwels: difficile d'imaginer comment cohabitaient le fondateur du Figaro magazine et la chroniqueuse de Libération. "Ils ne pouvaient pas se voir", chuchote Fabienne Bergeron, l'amie des années trouvillaises.


Marguerite Duras aimait se poster aux Roches noires pour regarder la mer.

Marguerite Duras aimait se poster aux Roches noires pour regarder la mer.

Jérôme Galland pour L'Express Styles

Sur les traces de Marguerite Duras

Celle-ci nous donne rendez-vous chez Charlotte Corday, célèbre pâtisserie de la ville où l'écrivain venait souvent déjeuner d'un feuilleté ou d'une quiche que les patrons imaginèrent pour elle, "qui n'était pas très? sucré?", confie la pâtissière. Voilà pourquoi vous pouvez aujourd'hui déguster ici une tarte Antoine de Caunes ou un gâteau Karl Zéro, mais aucune douceur estampillée Marguerite Duras. Quelques mètres plus loin, le directeur du Central, Philippe Agin, tire pourtant de ses souvenirs mont-blanc et dame blanche, les desserts préférés de l'écrivain, qui dînait ici presque tous les soirs. "C'était une femme discrète, qui s'habillait toujours de la même manière: un manteau rouge, des chaussettes épaisses multicolores tire-bouchonnées sur les chevilles. Elle s'asseyait le plus souvent dans un coin de la salle, à la table 310, avec Yann Andréa."Trente ans plus tard, les miroirs et les appliques en laiton, le carrelage en ciment et les affiches de Cinzano ou de Byrrh ont muséifié le décor.

>>>> Découvrir aussi notre dossier Voyager en Normandie

Comme l'écrivain a dû le faire cent fois, on prend le chemin de la plage, des planches, où la pluie réfléchit les nuages, des tennis déserts, des vagues qui tracent entre la mer et le ciel un chemin graphique et littéraire. Ses films -La Femme du Gange, Agatha et les lectures illimitées- et ses livres n'ont cessé d'explorer autour de Trouville la "platitude millénaire de la mer" (L'Eté 80, éd. de Minuit), ces "endroits où on revient toujours, pour voir si on est encore vivant face aux mouettes" (La Mer écrite, éd. Marval).


Etretat était un lieu de balade apprécié par Marguerite Duras.

Etretat était un lieu de balade apprécié par Marguerite Duras.

Jérôme Galland pour L'Express Styles

Trouville est la capitale d'un pays dont Etreta marquerait la frontière Nord-Est et Ouistreham la limite Ouest. Ce royaume durassien, l'écrivain commença à le sillonner à partir du fameux été 1980, dans la vieille Peugeot de la photographe Hélène Bamberger. "On allait où elle voulait. Souvent dans les mêmes endroits [...] dans un rayon de 100 kilomètres autour de Trouville. Chaque endroit avait un autre nom et une histoire: le pont de Tancarville franchissait le Mékong, les prés salés devenaient des rizières, on traversait les forêts du Canada" (Marguerite Duras de Trouville, éd. de Minuit).  

L'Histoire en fil rouge

Pour en avoir le coeur net, on franchit donc le pont de Tancarville, puis celui de Normandie, et la Seine qui s'élargit voluptueusement pour rejoindre la mer prend l'allure des fleuves d'Asie, la couleur brune de la mousson. En amont, une étrange brume nappe les berges vert sombre de moiteurs tropicales. Avançant vers l'horizon, on longe les terres inondées d'Un barrage contre le Pacifique. Un pétrolier s'éloigne dans les eaux grises, prenant "cette route des vents qui convoient les pluies et le loess jusqu'aux rives de la Chine" (L'Eté 80). Marguerite Duras aimait venir ici, dans ce "no man's land" de docks et de chantiers navals où son imagination voyait le Gange, friches d'où émergent au loin le port d'Honfleur et l'écrin de maisons grises qu'agite le va-et-vient des touristes.


La petite église romane de Vauville est aujourd'hui fermée.

La petite église romane de Vauville est aujourd'hui fermée.

Jérôme Galland pour L'Express Styles

Poursuivant l'histoire à travers les paysages, on file en direction des grandes plages qui célèbrent les 70 ans du Débarquement et d'une guerre qui ne cessa de hanter l'écrivain. Direction la chapelle de Vauville, sur les hauteurs de Deauville, où repose un soldat de 20 ans tombé en 1944. Le 26 juillet prochain, Brigitte Fossey lira ici La Mort du jeune aviateur anglais, texte que Marguerite Duras consacra en 1993 à ce W. J. Cliff, dont le destin lui rappelait celui de son petit frère, Paulo, mort pendant la guerre en Indochine.

La petite église romane est fermée, mais la maire du village nous ouvre fièrement la porte sur les nouveaux vitraux et le retable fraîchement repeint d'or et de bleu azur, grâce en soit rendue aux prestigieux donateurs de la commune, Michel Sardou et l'industriel Laurent Dassault en tête. Car Vauville dissimule aussi un Beverly Hills normand, avec ses manoirs à vastes pelouses et sa jet-set hippique, que Marguerite Duras ne fréquenta pas. Sa Normandie à elle parle de fierté populaire et de solitude, d'amours tristes et du temps qui passe, de maisons abandonnées et de chemins où chaque coin de bocage peut déboucher sur la mer, comme à Villerville, près de Trouville. Ici, éviter le village de carte postale que tout le monde connaît, et prendre le sentier du parc des Graves, vers les palmiers, puis le banc solitaire comme un balcon sur l'immense plage marécageuse. Et, là, rêver, dit-elle. Etretat était un lieu de balade apprécié par Marguerite Duras.

Etretat était un lieu de balade apprécié par Marguerite Duras.

Jérôme Galland pour L'Express Styles

 La Normandie de Marguerite Duras Etreta11
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/tendances/voyage/la-normandie-de-marguerite-duras_1564231.html#TlQE57XS7GgLmiKd.99

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